Depuis quelques années, les musées ont entrepris une transformation profonde de leur approche envers les publics les plus jeunes et notamment les bébés. Loin d’être de simples espaces réservés aux adultes ou aux enfants plus âgés, les institutions culturelles explorent désormais des moyens innovants pour éveiller les sens et la curiosité des tout-petits. Ces expériences, à la fois artistiques et sensorielles, ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire des musées, en faisant de ces lieux des espaces inclusifs et adaptés à tous les âges. L’article de Beaux-arts magazine que je vous invite à découvrir en fin de page, explore comment les musées repensent leur rôle pour accueillir les bébés et leurs familles, en s’appuyant sur des exemples concrets et des pratiques innovantes qui redéfinissent les frontières de la médiation culturelle. Parmi ces initiatives, certaines se distinguent par leur caractère pionnier, comme celles que j’ai mises en place au Musée d’Art Moderne de Paris, soutenu par une collaboratrice. Je vous propose de plonger au cœur de ma démarche et de l’approche sensible de l’art.
Les Zéros / Avant la marche : un dispositif innovant
Dans un monde où la culture est souvent perçue comme réservée aux adultes ou aux enfants déjà capables de marcher et de parler, le Musée d’Art Moderne de Paris a osé briser les codes en créant des expériences dédiées aux bébés de 0 à 1 an. Sous l’impulsion de programmes pionniers comme La baby visite j’ai eu le privilège de mettre en place des dispositifs innovants pour les zéros/avant la marche qui redéfinissent la manière dont les musées peuvent accueillir les tout-petits et leurs familles. Ces initiatives reposent sur trois piliers fondamentaux : la parentalité, le slow art et l’imprégnation sensorielle par les œuvres.
Parentalité : accompagner les parents pour accompagner bébé
L’une des clés de cette approche réside dans la place centrale accordée aux parents. Avant même de penser à l’éveil artistique des bébés, il est essentiel de rassurer et de guider les parents, souvent intimidés et stressés à l’idée de visiter un musée avec un tout-petit. L’objectif est de leur offrir un cadre bienveillant où ils se sentent légitimes et soutenus. Des guidances, des temps de relaxation et d’échanges sont proposés pour les familiariser avec les œuvres et les aider à comprendre comment interagir avec leur bébé dans cet environnement. L’idée au départ était simple : un parent détendu et confiant est un parent qui pourra mieux partager ce moment avec son enfant, créant ainsi une expérience enrichissante pour tous.
L’importance du slow : prendre le temps de ressentir
Dans un monde où tout va vite, j’ai fait le pari du slow art. Les visites dédiées aux 0/avant la marche sont conçues pour être lentes, apaisantes et adaptées au rythme des bébés. Portés en écharpe ou en porte-bébé, les tout-petits sont invités à déambuler dans les salles du musée. Ces moments de relaxation et de confort permettent aux bébés de se sentir en sécurité, tout en étant exposés à la beauté des œuvres. Le slow art, c’est aussi l’art de la déconnexion : pas de précipitation, pas de programme surchargé, juste le temps de ressentir et de s’imprégner de l’ambiance.
L’imprégnation : observer ensemble, sans artifice
Contrairement aux idées reçues, les bébés n’ont pas besoin de dispositifs complexes pour apprécier l’art. Leur capacité d’observation et de ressenti est immense et c’est sur cette intuition que repose le troisième pilier des baby visite : l’imprégnation par les corps. Les parents et les bébés sont invités à regarder les œuvres ensemble sans autre médiation que leur présence et leur attention. Les couleurs, les formes et les textures des tableaux ou des sculptures captent naturellement l’attention des tout-petits, tandis que les parents partagent ce moment d’émerveillement. Pour les 1-3 ans, cette approche est encore plus significative : ils commencent à pointer du doigt, à gazouiller, à interagir avec les œuvres, créant ainsi un dialogue unique entre l’art et leur propre développement.
Une approche sensible pour éveiller les sens et l’âme
La baby visite est bien plus qu’un programme muséal dédié aux bébés : c’est une philosophie, une manière d’être et de ressentir l’art. Inspirée par ma formation en Wutao et enrichie par mon expertise dans la culture de cette pratique corporelle et spirituelle, cette initiative propose une approche profondément sensible de la médiation culturelle. Il ne s’agit pas de comprendre l’art mais de le percevoir, de l’accueillir dans tout son être, à travers les vibrations de la matière, des couleurs et des formes. Cette démarche invite à ouvrir ses perceptions sans jugement, à se connecter à l’essence même des œuvres et à retrouver le regard innocent et émerveillé d’un nouveau-né. Pour nourrir ce regard sensible, une initiation au wutao était proposée dès le début de la visite. Les bébés, blottis contre leur papa ou leur maman, pouvaient ainsi explorer leur corporalité en douceur, créant un espace sensitif dès les premiers instants. Ma collaboratrice en fin de parcours proposait une séance de baby yoga, une parenthèse complice pour les familles. Elle les invitait à jouer corporellement ensemble. Ce moment ludique amorçait un atelier de création souvenir.
Retrouver le regard innocent d’un nouveau-né : l’art comme émerveillement
L’une des dimensions les plus poétiques des baby visite est l’invitation à retrouver le regard innocent et émerveillé d’un nouveau-né. Les bébés voient le monde avec des yeux neufs, libres de tout conditionnement. Ils s’émerveillent devant une tache de couleur, une forme abstraite, ou un jeu de lumière. Cette innocence, cette capacité à s’étonner, est au cœur de l’expérience artistique proposée. En observant les œuvres avec leurs bébés, les parents sont encouragés à redécouvrir cette fraîcheur du regard, à se laisser surprendre par la beauté simple et profonde de l’art.
L’art comme chemin vers soi et vers l’autre
La baby visite est bien plus qu’une visite au musée : c’est une expérience transformative, tant pour les bébés que pour leurs parents. En s’inspirant des principes du Wutao, cette approche sensible redonne à l’art sa dimension universelle et intemporelle. Elle nous rappelle que l’art n’est pas réservé à une élite ou à ceux qui savent l’analyser mais qu’il est accessible à tous, dès le plus jeune âge. À travers cette initiative, j’ai initié une voie nouvelle où l’art devient un chemin vers soi, vers l’autre et vers une connexion plus profonde avec le monde qui nous entoure.
Oh quel bel article !!! En tant qu’ancienne maîtresse de maternelle, j’ai toujours emmené mes petits élèves (dès 2 ans) découvrir des oeuvres d’art, que ce soit dans les musées ou ailleurs. Et oui : cela offre beaucoup plus qu’un complément de culture générale ! Cela apporte également de l’humanité et un sentiment de “communion”, en cela que l’art nous permet de partager des émotions et des sentiments. Merci à toi !
En tant qu’artiste et ancien directeur d’école, j’ai toujours cru aux bienfaits de l’art dès le plus jeune âge, et du partage adulte/enfant dans ce domaine comme dans bien d’autres. J’aime beaucoup ton approche à la fois sensible et pragmatique de cette question. Je ne connaissais pas les visites de musées “spécial bébés”, même si j’y amenais mes tout-petits (2ans). La découverte, la compréhension et l’appropriation de la sensibilité artistique peut s’acquérir dès le plus jeune âge, et tu contribues par cet article à nous faire découvrir cette belle pratique. Un grand merci !
Merci pour cette belle découverte des baby-visites, que je ne connaissais pas. J’aime l’approche émotionnelle et sensible d’une oeuvre, au lieu (ou en complément) d’une approche intellectuelle.
J’adore cette approche des musées avec les tout-petits !
on a souvent l’impression que ce n’est pas un endroit adapté pour eux, alors qu’en réalité, c’est une super opportunité d’éveil sensoriel et de découverte. £Les baby visites permettent de poser un regard différent sur l’art et la culture, avec une approche ludique et accessible.
Merci pour cet article inspirant, ça donne envie de tester ! 🙂