Ce jour-là, Alaïa, ma petite fille exploratrice de 3 mois, s’apprête à découvrir un nouveau monde, celui de la villa Daumier. Mais pour y parvenir, avant toute chose, direction Valmondois, un charmant village niché au cœur du Vexin français, à environ 30 kilomètres au nord de Paris.
En avant toute
Pour rejoindre Valmondois depuis Paris, il suffit de se rendre à la gare Saint-Lazare et de prendre un train direct sur la ligne H en direction de Persan-Beaumont ou Valmondois. Le voyage dure environ 45 minutes, nous emmenant peu à peu de l’effervescence parisienne à la quiétude de la campagne. À l’arrivée, la petite gare de Valmondois, avec son charme désuet, est le point de départ parfait pour notre exploration.
À VALMONDOIS
Valmondois est un lieu où l’on ressent la sérénité à chaque coin de rue. Ses petites maisons en pierre, coiffées de tuiles rouges et souvent enlacées par le lierre, donnent au village une atmosphère d’un autre temps. Les rues pavées, parfois sinueuses, invitent à la flânerie. On y trouve une église pittoresque, des jardins où la nature s’épanouit librement, et de nombreux chemins de randonnée qui traversent des paysages verdoyants, entre champs, forêts, et bords de l’Oise.
Arrivée à la villa Daumier
Nous voilà enfin arrivés à la villa Daumier. Alaïa, bien éveillée et curieuse, observe calmement les alentours, sans encore comprendre ce qui me rend si enthousiaste à l’idée de visiter ce lieu. Pour moi, c’est un moment empreint d’émotion de me retrouver dans cet endroit qui honore par son nom Honoré Daumier, cet artiste d’exception, qui a vécu et travaillé dans ce village. Ce grand nom de la fin du 19ème siècle, pionnier de la caricature de presse, a marqué l’histoire de l’art. Et même si Alaïa est encore trop jeune pour comprendre, je ressens déjà l’importance de lui transmettre, un jour, l’héritage, les engagements et le courage de cet homme.
Premiers pas au musée : Alaïa découvre la villa Daumier
C’est parti pour la toute première visite de musée pour Alaïa, car la villa Daumier est un lieu d’exposition. Aujourd’hui, notre petite visiteuse est accueillie par la charmante Lina, qui lui fait découvrir les œuvres créées par de jeunes artistes en herbe et des moins jeunes. La villa Daumier est un espace vivant, avec des ateliers pour enfants et adultes proposés tout au long de l’année.
Bien sûr, Alaïa est encore trop jeune pour comprendre les œuvres d’art ou saisir l’histoire derrière chaque exposition. Cependant, ce type de sortie stimule ses sens d’une manière unique.
À cet âge, les bébés sont de véritables petites éponges, absorbant tout ce qui les entoure. Les couleurs vives, les contrastes, les formes et les textures présentes dans les œuvres captent naturellement leur attention.
Alaïa, avec ses yeux grands ouverts, se tourne instinctivement vers ce qui attire son regard, réagissant aux variations visuelles qui l’entourent. Ces moments de découverte, même s’ils semblent simples, contribuent à son développement sensoriel et cognitif.
Et le bonheur des grands parlons-en !
Mais ce bonheur ne serait pas complet si maman, grand-mère que je suis, amis présents, nous ne ressentions pas aussi du plaisir et de la détente.
À la villa Daumier, tout est pensé pour que chacun puisse profiter pleinement de l’instant. Juste en face, une aire de repos avec table et banc nous attend, parfaite pour se restaurer, changer Alaïa avant sa sieste, et prendre le temps de bavarder tranquillement.
C’est un moment de convivialité, simple et agréable, qui rend cette sortie encore plus précieuse.
Ainsi, ce n’est pas seulement une visite culturelle, mais aussi une parenthèse de bien-être partagée, où chacun, du plus petit au plus grand, trouve son bonheur.
Le temps du retour
Le retour approche, et bien sûr, la fatigue commence à se faire sentir. Mais nos cœurs, remplis de l’air pur de la nature, nourris de culture et d’aventures partagées, sourient déjà aux merveilleux souvenirs que nous avons créés avec Alaïa.
Bien plus tard, lorsque je regarderai les quelques photos prises aujourd’hui, je pourrai lui raconter cette journée en détail : la gentillesse de Lina, le charme de la Villa Daumier, l’exposition des “Ateliers Daumier”…
C’est donc avec une légèreté toute particulière que nous prenons la route du retour vers Paris, le cœur apaisé et l’esprit empli de ces moments précieux, prêts à en créer de nouveaux.
L'héritage immatériel du rire et sourire
Le rire que nous inspire Honoré Daumier, et que Charles Baudelaire a su décrire avec poésie, est un rire qui “rayonne, franc et large, comme un signe de sa bonté !”.
Inspirée par cette journée, aujourd’hui, j’aimerais vous parler de ce patrimoine immatériel inestimable qu’est le rire. Il traverse les âges, se glissant dans les caricatures incisives de Daumier, où l’art grotesque devient un miroir déformant de la société, mais aussi dans ces éclats spontanés qui jalonnent nos vies, illuminant nos journées d’une lumière à la fois vive et mystérieuse.
D'où vient le rire ?
C’est une question que je me pose souvent. Le rire semble émerger d’une source mystérieuse, un écho de notre humanité la plus essentielle.
Je me souviens encore du premier sourire d’Alaïa, cet instant où j’ai senti un lien se tisser entre nos cœurs et nos âmes. Puis, lorsqu’elle a éclaté de rire pour la première fois, j’ai ressenti une onde d’amour et une énergie vitale qui nous traversait tous les deux.
Si le rire, en effet, “est un réflexe à une émotion plaisante”, il n’en demeure pas moins une expression à la fois simple et complexe, capable de traduire la profondeur des sentiments humains.
Le rire est à la fois un art et un instinct. Il peut désarmer, guérir, rassembler. Il révèle la vérité dans l’absurde, la tendresse dans le dérisoire. Mais ce qui le rend si fascinant, c’est son ambivalence : il peut être aussi bien bienveillant qu’irrévérencieux, porteur de joie ou de critique acerbe. C’est un patrimoine universel, un langage sans frontières qui nous rappelle notre humanité partagée. Lorsque nous rions, nous nous rapprochons de cette essence commune, nous brisons les barrières, nous partageons un moment de grâce et nous lâchons prise pour un bref moment sur notre ego. Le rire est sacré et Alaïa vient me le rappeler.
Découvrir Honoré Daumier
Celui dont nous t’offrons l’image,
Et dont l’art, subtil entre tous,
Nous enseigne à rire de nous,
Celui-là, lecteur, est un sage.
C’est un satirique, un moqueur ;
Mais l’énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle
Prouve la beauté de son cœur.
Son rire n’est pas la grimace
De Melmoth ou de Méphisto
Sous la torche de l’Alecto
Qui les brûle, mais qui nous glace.
Leur rire, hélas ! de la gaîté
N’est que la douloureuse charge ;
Le sien rayonne, franc et large,
Comme un signe de sa bonté !
Merci pour ton article. C’est vraiment motivant de voir que même avec un tout-petit, on peut profiter de la cuture des musées sans stress.